Lettres fatales by Beaton M.C

Auteur:Beaton M.C.
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: ALBIN MICHEL
Publié: 2023-07-20T08:01:09+00:00

Hamish retourna au poste et tomba sur une dame aux cheveux gris qui attendait dehors.

– Agent Macbeth ? s’enquit-elle d’un ton sceptique en regardant Hamish, puis le chien bizarre qui l’accompagnait.

– C’est moi-même. Et vous êtes ?

– Mrs Dinwiddie. La sœur de Miss Beattie.

– Entrez, dit Hamish.

Dans la cuisine, elle s’assit avec raideur au bord d’une chaise et croisa les chevilles. Elle portait un chignon démodé. Son visage était tendu, sa bouche réduite à un simple trait. L’espace d’un instant, Hamish se demanda si c’était à force d’étouffer des émotions. Puis il se rappela que sa sœur venait d’être assassinée et qu’elle s’efforçait peut-être de refouler son chagrin.

Il prépara deux mugs de thé puis lui dit gentiment :

– Que puis-je pour vous ?

– Amy m’a parlé de vous en bien. Elle vantait toujours votre intelligence. J’en ai assez de l’inspecteur Blair. Je veux savoir si vous avez progressé dans l’enquête sur le meurtre d’Amy.

– Pas pour le moment, répondit Hamish. Mais on retrouvera le meurtrier, ajouta-t-il avec une confiance qu’il n’éprouvait pas. Soyez-en sûre. Parlez-moi de votre sœur. Pourquoi est-elle partie de chez vos parents ?

– À l’époque, j’étais à l’université à Édimbourg, répondit Mrs Dinwiddie. Elle m’a écrit en me disant qu’elle ne supportait plus de vivre sous leur toit. Nos parents étaient très croyants, très stricts. C’était plus facile pour moi parce qu’ils étaient fiers que je sois entrée à l’université. De toute façon, je n’étais pas une rebelle comme Amy. Ma sœur voulait se maquiller, sortir avec des garçons et ils l’enfermaient dans sa chambre. Puis ils faisaient venir des membres de la congrégation pour lui lire la Bible et la sermonner. Un beau jour, elle est partie. Papa a décrété qu’on ne devait plus jamais prononcer son nom.

– Qu’est-ce qu’elle faisait avant de venir à Braikie ?

– Elle était caissière dans un supermarché. En fait, c’était une très bonne élève, mais elle s’est effondrée juste avant le bac. Je crois que papa était bien plus dur avec elle qu’avec moi. J’avais peur qu’elle fasse une dépression. Je l’ai prévenue quand ils sont morts, mais elle n’est pas venue à leur enterrement.

– Et les petits copains ?

– Elle avait le droit d’en avoir, mais uniquement s’ils étaient de l’Église. Un jour, on l’a vue avec une bande de motards et elle a été enfermée dans sa chambre pendant deux semaines. Je n’ai jamais su si elle voyait quelqu’un. Elle ne me l’a jamais dit.

Perth, songea Hamish. Peut-être le secret est-il enfoui dans son passé.

– La police vous a remis ses papiers ? De vieilles photos ? Ce genre de choses ? demanda-t-il.

– Pas encore. Ils doivent me les donner bientôt.

– J’aimerais bien les voir. Parfois, quand j’arrive à me faire une image d’une personne et de son histoire, voyez-vous, ça m’aide à comprendre la raison pour laquelle elle a été tuée.

– Je vous les enverrai.

– Quand a lieu l’enterrement ?

– Demain, à Perth. Je me suis chargée des préparatifs.

– J’aimerais avoir votre adresse, si cela ne vous dérange pas.

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